mercredi 24 septembre 2008

L'écologie, face puritaine du libéralisme.



( Fair of Lille. My first nude : http://www.pbase.com/image/33453567)


Les associations tenantes du Grenelle de l'environnement, en l'absence de toute réflexion dialectique, veulent en réalité renforcer le contrôle du système sur la vie humaine, par les lois, les textes, les ceci et les cela, au nom du Bien. C'est la même folie, au nom du Bien, qui fait faire à la dynamite des « chemins de randonnée » pour être « au contact de la nature ». La même encore, qui faisait argumenter pour un projet de téléphérique vers le sommet du Mont Blanc, du « droit des handicapés à profiter de la montagne ». La puissance technique s'habille du Bien. Le renforcement des contrôles sur l'homme, pour le rendre conforme au système, s'habille du Bien.

Ce droit de chacun de profiter de l'espace est bien conforme à l'idéal libéral de l'espace sans qualité, indéfiniment ouvert, et vide par nature, par rapport à la réalité de l'espace douloureux à conquérir, qui se paye d'aventure et d'effort, l'espace de la quête de la liberté humaine. Et ce droit de tous à arpenter l'espace sans effort, à consommer passivement de l'espace, avec des machines, avions, quads, « tout terrains », est bien plus assuré que le droit du pauvre à fréquenter une plage privée, ou du mendiant à fréquenter certains centre-villes. Ces dernières interdictions d'espace choquent moins, au nom de la Propriété. Nous laissons interdire les enfants pauvres des plages privées, et sommes gênés d'interdire les transhumances aux engins motorisés.
De même, 96% des déchets sont produits par l'agriculture et l'industrie, et ces gens veulent culpabiliser les utilisateurs de couverts en plastique jetables. On nous sert la culpabilité et la coercition comme moyen de régler les problèmes du système. Un exemple supplémentaire de double contrainte, entre la publicité et « la consommation moteur de la croissance », et l'horreur de la consommation polluante.
L'association impossible de la consommation et de la conservation est caractéristique. On rencontre cela partout dans l'idéologie moderne, ces oxymores contraires à la raison, comme le « développement durable », comme si le développement pouvait être autre chose que la consommation du durable, et donc sa destruction. Je répète : l'idéologie moderne nie la réalité des contraires. C'est la cause et l'effet d'une déréalisation due à la croyance naïve de l'homme libéral, son oubli d'être un fragment, sa toute puissance illusoire.

Les contraires ne peuvent être trouvés ensemble en vertu du principe de non contradiction, dans l'ordre ontologique ; certaines limites de l'homme sont aussi ontologiques. Pour l'homme libéral, de telles choses sont des injustices (comme si le monde se préoccupait d'être juste à la mesure libérale), ou des archaïsmes que les progrès de la puissance technique devront balayer, aussi absurde soit la demande. Les limites ontologiques, comme la laideur effective d'un individu, sa taille petite, étant des injustices, ne peuvent être dites : on parlera très moralement d'un homme de petite taille et de physique différent plutôt que d'un nain. Et ce dernier pourra exiger de la collectivité le remboursement des diverses interventions techniques qui peuvent faire de lui un homme grand et esthétique, et même une femme si le cœur lui en dit. Pourtant la laideur est un vice.

La Nature est propriété de tous et tous peuvent en tirer jouissance et profit. La tyrannie de tous sur tout!

Car il s'agit bien de profit. La nature, ce n'est que le nom de l'être pensé comme objet de la technique, comme utile, et du commerce, comme ressource à gérer. La nature c'est l'être par rapport à l'homme libéral. La nature sans homme c'est la lumière sans l'ombre qui l'accompagne : un aveuglement. L'idée même de nature est celle d'un asservissement et d'un aveuglement. La protection de la nature n'est qu'une tyrannie plus sophistiquée.

Le Grenelle propose des taxes, plutôt qu'interdire purement et simplement au nom du Bien public. Si un acte nuit à la communauté, il est légitime de l'interdire dans une vision politique de l'homme, comme animal constitué humain par le politique. Il n'existe pas d'homme isolé, sinon dans la mythologie libérale. L'homme est un être qui a des parents, une langue, un monde propre. L'homme est homme comme partie. Ce qui le fait accéder à son essence, dans la civilisation, est le Bien public au dessus de lui, qui n'appartient en propre à personne. Ce Bien public est plus qu'une vie humaine, même s'il n'appartient à aucun homme dans l'Âge de fer de décider légitimement une mort humaine, hors soi-même. Plus qu'une vie humaine, il est ce qui donne à la vie sa valeur et sa saveur, ou sagesse. Seul il explique pourquoi des hommes peuvent préférer la mort à la vie biologique, comme un Jean Moulin. Sans Bien public inaliénable et sacré, (1789), l'homme ne peut accéder à la grandeur.

Dans l'idéologie de l'Âge de fer, le politique n'est constitué que par l'agrégation stochastique des individus absolus, et le bien public est second, et au fond arbitraire et peu consistant. Son seul fondement est sa conformité aux intérêts de tous, qui sont forts labiles. De ce fait en libéralisme ne pas respecter le bien public, ou plus exactement des ressources non appropriées individuellement, est normal, mais se paye. Le Bien public n'est qu'une propriété, non une entéléchie et une norme supérieure pour jauger les lois. Son prix est de trente deniers. C'est un retour du privilège, en tant que dérogation aux règles du Bien public, dérogation justifiée par un service particulier à cet ordre. Le service ne consiste plus qu'en paiement de taxe. Et encore.

Plus on possède d'argent, plus on peut déroger ; mais on ne paye pas plus, grâce aux niches et au bouclier fiscal. Le bouclier montre que le bien public est un ennemi dont il faut se protéger. Le bien public est à vendre. Aucune civilisation droite ne peut y survivre, aucun art, et au fond aucune vie proprement humaine. Le simple fait d'être riche est pensé comme un service suffisant rendu à la collectivité. Libre à chacun, dans cette optique d'exténuation de la solidarité humaine et donc de l'humain, de trouver la taxation écologique.

Cette idéologie de l'individu absolu ne peut penser que par la contrainte sous forme de taxe ; pas d'interdit, mais une diminution de la puissance d'échange, de la souveraineté réelle de l'individu dans l'univers plan du libéralisme. Pourtant les taxes, amendes et règlements qui les définissent ne peuvent être une diminution de la puissance de contrainte déployée par les anciens interdits ; au mieux elles sont un redéploiement de cette puissance. A ce titre, une telle politique ne peut freiner le déploiement maximal de la puissance, entéléchie caractéristique de l'âge de fer. Elle transforme en intensité verticale, en réseau à mailles fines, l'extensivité de la production des Trente glorieuses. Elle étouffe la liberté sans ralentir le déroulement du système.

L'écologie libérale est avant tout issue d'un moralisme puritain, d'une volonté de répression du désir dans ce qu'il a de démesuré, donc d'inquiétant, et d'irrationnel. Le désir individuel rationnel est celui qui se limite à celui que prescrit le système pour chaque individu. Le désir individuel rationnel est de désirer sa situation dans le système, tout en se croyant tout puissant. C'est une exigence pathologique de plus du système. A ce titre les écologistes sont partisans d'un renforcement constants des normes et de la surveillance des conduites humaines ; et par une ruse de la raison, ils rajoutent du carburant au système et accentuent sa durée de vie.
Le moralisme puritain est l'amour des limites, la répression du désir comme plaisir ténébreux et comme puissance sur les autres par le logos moral. Le puritain est incapable de penser à la raison de plusieurs. Pour le puritain les autres ont tort.

Le puritanisme est une expression efficace du système depuis ses débuts : il pousse à sacrifier l'homme au système, il est une voie du déploiement totalitaire du système.

Par exemple la condamnation morale puritaine de la guerre et de la violence empêche toute fin au déploiement maximal de la guerre et de la violence. On ne peut admettre le droit de l'adversaire à se battre ; il est, de ce fait, la figure du mal en lutte contre le Bien, c'est à dire moi. Moi, je me bas sans haine et sans violence, sans volonté de puissance ; je me bat pour établir la paix, la sécurité et la démocratie, ou protéger la nature.

L'aveuglement sur soi est le résultat du puritanisme, la confession du pécheur justifié. C'est une inflation du moi dans le discours moral ; les distinctions du Bien et du Mal servent à m'exalter jusqu'au délire. L'écologiste, le pacifiste, en bon puritain, sait et se donne le droit de contraindre les autres à faire ce qu'il sait bon. La poutre dans l'œil ne peut être vue. C'est définitivement une posture démoniaque, ivre de puissance et de satisfaction.

L'adversaire du Bien, leur bien! est décrit aveuglé par la haine, assoiffé de sang, avide de dominer et d'opprimer. A ce titre il est totalement déshumanisé, et ne mérite pas la protection des lois et conventions internationales, comme le montre Guantanamo après les terreurs et les iejovtchina, ou la terreur nazie.

Il doit être détruit ou se réformer, devenir puritain. De ce fait, il n'existe aucune reconnaissance réciproque des adversaires qui pourrait créer les conditions d'une guerre chevaleresque dont l'éthique existait déjà au XIIème siècle. Il y a eu régression de la guerre vers la démesure.

La guerre chevaleresque est cruelle et sanglante, mais reconnaît l'adversaire comme un homme noble, égal ; de ce fait elle fait des prisonniers et les respecte ; elle reconnaît les motifs de guerre de l'adversaire, son courage et son honneur ; elle autorise en temps de trêve à manger et parler avec lui.
Elle reconnaît un droit de la guerre. Elle pose des conditions. Elle déclare la guerre, négocie la paix.
Il faudrait pour inverser le mouvement que les valeurs guerrières l'emportent sur les valeurs puritaines.

Retournement classique, le fanatisme de la paix absolue du marché nourrit des guerres démentielles depuis 1914, guerres nourries par une ascension symétrique aux extrêmes, typiques des guerres idéologiques.

Reconnaître un droit de l'adversaire, le considérer comme un adversaire digne d'être respecté : toutes choses impensables dans l'esprit de nos guerres d'extermination. Ces guerres sont niées, jamais déclarées, en dehors de toute loi de la guerre, car vues comme maintien de l'ordre, opérations techniques. Elles sont inconditionnelles, non négociables, irrémissibles. Le méchant est un aspect de la nature sauvage, de l'animal nuisible exterminable.

L'entéléchie puritaine des pacifistes et écologistes modernes mène au déploiement maximal des moyens de destruction, et à l'absence, l'incapacité de penser un compromis avec l'adversaire. C'est une logique de génocide. Elle est parfaitement appropriée à l'âge de fer.

Les écologistes sont au service de la puissance comme les autres. Chez eux elle prend la figure d'une tyrannie puritaine-et rien de plus. Cette tyrannie puritaine, exterminatrice, montre déjà ses linéaments dans le réel. Cherche ailleurs, petit frère!

Et à ceux qui me diront que face à la catastrophe qui s'annonce, il faut bien faire quelque chose, je répondrais :
Croire que par principe faire quelque chose est mieux que rien faire est un produit de l'idéologie libérale. On peut commencer par vivre. Faire de sa vie une histoire, comme moi. Le système s'effondrerait plus vite si tous ne faisaient rien, plutôt que quelque chose. Dans une période d'expansion des mouvements anarchiques, d'entropie maximale, faire quelque chose est ajouter de l'entropie.

Aller dormir sur une île est plus faire que de distribuer des tracts stupides.

Nous n'avons aucune cause, et celle que nous avons n'est fondé sur rien.

dimanche 14 septembre 2008

Séminaire sur la motivation des masques et le sens de l'icône : "balai".


(Clovis Trouille 1889-1975)

Parmi les innombrables motifs d'action des hommes-je parle des hommes nobles- ce qui les pousse à déplier leurs multiples boucles de puissance pour réaliser des actes, des gestes-au sens des chansons de geste-on trouve la fascination de l'accumulation de la richesse et de l'envie ; l'ivresse de la puissance, du risque aussi, avec la guerre,le butin, les femmes captives alors assimilées à un butin ; on trouve le désir infini de savoir, la Gnose ; et on trouve l'esthétique et la figure du Séducteur.

Le Séducteur apparait dans une civilisation polie par les siècles, à la manière du gnostique. Il représente, en tant que figure, et donc qu'il soit mâle ou femelle, la forme sculptée, réduite à l'essence et à l'analogie, du Loup. Il est donc Autre que le carnassier.

Ce serait une erreur de l'assimiler hâtivement à une bête de proie. La bête de proie détruit sa victime, en fait de la chair pour son repas, du sang pour sa boisson. L'assimilation de la proie pour le carnassier est pour la proie une annihilation. Dans la séduction, le processus est plus subtil ; seul le tueur sadique conserve encore ce désir d'annihilation mis à nu et opératif. Il révèle une vérité, mais cache une autre. La transparence du violeur et du tueur est un abîme de mensonge sur l'homme noble.

Le séducteur en effet est parfois mu par cette volonté destructrice, mais ne détruit pas sa proie. Le séducteur des liaisons dangereuses séduit par volonté de puissance, manipulation, destruction, ennui ; mais cette figure, comme Don Juan, est plus morale que réelle. Ovide, Pouchkine, ou encore Casanova, sont des figures de séducteur qui permettent de penser une séduction du Dandy.

Le séducteur n'utilise pas la force, quand bien même il use de son prestige. Il peut être insistant ou brutal, mais la réalité est qu'il s'appuie sur les désirs de ceux qu'ils séduit. Comme le dit Ovide, ou Salomon, "ce qui manque ne peut être compté". Sans cesse l'infini du désir se heurte aux déterminations finies du réel ; et cela est d'autant plus vrai que l'âme est plus grande. Dans un grand homme tout est grand. Le désir, la frustration, la rage, ne sont pas seulement la sottise de l'enfant déstructuré qui veut un friandise, ce peut être la soif d'infini de l'homme noble.

Bien des êtres humains vivent dans leurs boites, derrières leurs propriétés, murs, haies, allures, vêtements, titres d'autorité. Tout cela les soutient, les sécurise et les protège. Mais cela les étouffe. La sécurité est indispensable à la survie de l'espèce et privilégiée par la masse ; cela n'a rien d'un jugement social, voyez les quartiers sécurisés des riches. Le gypsy, l'errant est une figure possible du Sage ; en cela il montre que la perte de biens n'est pas pour lui un risque, puisque son être n'est pas pris dans les mailles des grands filets. L'homme cherche ce qui le sécurise, et ce qui le sécurise l'étouffe. La formation consiste à apporter le désir et le plaisir qui conduisent à faire du risque, de la douleur et de l'angoisse qui naissent de toute aventure, de toute mutinerie, une ivresse inexorable.

Car qui a gouté les horizons ne peut revenir dans un monde de cloisons et de balais, de sonneries et de vide.

A l'Âge de fer des décennies de constructions de murs se succèdent. On ne sait plus quoi règlementer ou interdire, ou abrutir de conseils. Ainsi nait le désir de guerre chez les peuples prospères.

Vivant dans leurs boîtes matérielles et morales, les hommes ignorent que des portes sont là entre les boîtes, des fenêtres, des passages secrets, mille voies de traverse, des courants d'air. Peut savent que l'on peut s'habituer à l'hallucination simple. Peut savent le bruit que fait un arbre en tombant quand personne ne l'écoute.

Peut pratiquent la sorcellerie, et savent voler dans les airs. Celui qui voit un balai voit la figure de l'ennui : poussière, rôle féminin, ménage, sérieux, hygiène...Le balai est une nature morte en lui même. Pour la sorcellerie, le balai est magie, voyage et vol. Boulgakov montre ce désir et cette latitude. Marguerite est plus grande que Mme Bovary, qui ne trouve que la rêverie et la mort. De la mélancolie Marguerite devient une guerrière, une Walkyrie,une puissance de destruction des mensonges et des illusions des hommes.

L'Artiste possède cette puissance, de tracer des portes sur les murs, qui se trouvent être réellement ouvertes.. Celui qui médite sur la mort et joue avec des crânes, celui là sait que les murs, les haies, les mots des hommes sont des pitreries éphémères, des stratégies d'occultation de l'âpre saveur de la vie mortelle. Les saisons, les horloges, la monotonie des sonneries et des règlements, les fleurs sont des signes d'urgence. Une vie sans Dragon n'est que sillage de navire, une onde qui s'écoule sous le sol.

Le séducteur est proche d'Hermès, le messager ailé des dieux ; il révèle les désirs cachés, les caves et les soupentes ou des rêves ont été enfouis pour vivre gentiment la vie mécanique tout à fait dégoutante des adultes. Les "adultes" ont inventé l'homme machine. Ces adultes prétendus sont des morts.

Le séducteur est pour le séduit le messager de soi-même, et ce n'est pas par hasard que dans les œuvres les plus profondes, la contemplation fasse suite à la séduction. Ou encore que l'Ermite, ou l'Ordalie, soutiennent les amants devant les limites des hommes. Voyez la Geste de Tristan et d'Iseult. Ainsi la figure du séducteur devient-elle celle du Gnostique, de l'homme du désir, qui passe par la métaphysique pour tracer une voie noble.

Denis de Rougemont voyait une nécessité culturelle dans la mort des amants, une fascination pour la mort typiquement occidentale, qu'ignorait l'Inde et la Chine. En réalité, l'Inde et la Chine savaient que les règles qui définissent les boîtes de la vie ordinaire doivent être fixes et sans exceptions ; et que l'exception devait être accordée aux hommes nobles, non par l'acquiescement, mais par le silence. Ainsi la Loi de Manu interdit-elle tout divorce, puis en donne les modalités. Ainsi le Yi-King définit-il des types de liens. Ainsi la Geste de Tristan et d'Iseult leur est-elle favorable.

La mort du séducteur comme du Gnostique n'est une nécessité que pour l'Âge de fer. Cet âge ne peut comprendre que la règle de Droit porte la transgression comme une ombre hostile, certes, mais parfois amicale. Que la Règle elle même peut vouloir l'exception. Telle est pourtant l'autorité de la chose jugée, de la Loi : la mise au supplice de la Justice.

La Loi est d'ordre statistique.

Dans notre monde figé sous le couvercle de l'ennui, un monde d'étouffement, le Séducteur, comme le grand couturier, tisseur de masques, est une figure de la liberté de l'Esprit.

dimanche 7 septembre 2008

Semiotical Underground Global Fighting Machine


http://www.flickr.com/photos/olivier-tibloux/399661387/in/set-72157604833158725/)



La mutinerie est une machine de guerre métaphysique contre le système général du monde, contre l'ennui et le vide des sociétés modernes.
Le système moderne revendique quatre objectifs:

-La PAIX, en mettant toutes les énergies au service de la production de richesse.
-Le BONHEUR individuel par la liberté de chacun de le construire et d'en avoir les ressources.
-Le DROIT comme règne, appelé État de Droit ou démocratie
-Le libre MARCHE garantie de l'EQUILIBRE du système.

La guerre de tous contre tous et le droit de tous sur tout est en train d'établir une tyrannie nouvelle, beaucoup plus puissante, difficile à nommer et à décrire, et aussi dangereuse que celles qui l'ont précédé. La tyrannie floue. Bref, que le projet libéral est de plus en plus éloigné de la route réelle du libéralisme, qui est la vraie "route de la servitude". Cet accomplissement logique du système, que nous nommons son entéléchie, n'est pas les projets et les désirs des promoteurs, mais la réalité de sa voie.

Les énergies mises au service de la production sont en réalité une maximisation permanente du déploiement de puissance. Le vecteur de l'entéléchie libérale est cette recherche obscure, aveugle, inconsciente, de maximisation de la puissance. Le système a une réalité organique parasitaire, où les fonctions d'assimilation, d'excrétion et de reproduction annihilent les fonctions nerveuses qui deviennent des survivances. Il est ingouvernable et ingouverné, malgré les leviers disponibles. C'est un navire massif au gouvernail affaibli, porteur d'une inertie indéfinie, au fond inconnue de ses prétendus possesseurs. Cette énorme puissance qui devait rendre l'homme maître et possesseur de la Nature a rendu l'homme esclave de la puissance, alors même que depuis longtemps elle dévore l'homme, dans les guerres toujours recommencées, totales, inexpiables, sans négociations possibles, et dans les pollutions brutales ou lentes qui provoquent des mortalités cancéreuses de plus en plus évidentes et brutales. La mégamachine détruit les conditions de la vie biologique, celle du corps, mais aussi les conditions de dignité : elle arraisonne l'âme et l'esprit tant qu'elle peut. Car l'énorme puissance destructrice qui se déchaine si insidieusement ne peut vaincre l'esprit humain que par la mainmise sur les corps. Le corps est enserré par la santé, le politiquement corporellement correct.

Le crâne est une image douce associé à la fleur. Elle peut pousser dans l'œil.

L'immense production de richesses ne sert que dans le mythe à délivrer l'homme du travail et à permettre le loisir ; le client de Disneyland travaille à consommer comme au bureau, à l'usine, il travaille à produire. La faim et le déclassement restent des peurs profondes dans une société gorgée de biens. L'arrachement à l'antique malédiction du travail n'est nullement réalisée.

La liberté reste à conquérir. Voile!

Le dandysme, le parfum, le regard, le rayon vide et non vide, et le rire sont des voies bien plus que la moraline.

Et viva la muerte! A bientôt, amies et amis de toutes les mutineries!